À l’occasion de la présentation du rapport statistique du Secours Catholique, intitulée Emploi : quelle place pour les plus pauvres ?, la délégation de Seine-et-Marne en partenariat avec Réso 77, a organisé un colloque mardi 19 novembre à Melun.
Le Secours Catholique a décidé dans son rapport 2012, d’interroger ses bénéficiaires sur le lien qu’ils entretiennent avec l’emploi.
Tout au long du colloque, différents acteurs se sont questionnés sur les solutions à apporter à ce public en grande difficulté. Le rôle des institutions publiques étant prioritaire, mais aussi celui de l’économie sociale et solidaire qui permet un retour vers l’emploi grâce aux structures passerelles qu’elle propose.
Pascale Novelli (Responsable du département enquêtes et analyses statistiques) a débuté le colloque en dressant le constat alarmant d’un accès à l’emploi considéré par la majorité comme une course d’obstacles difficilement franchissables. Il y a une forte précarisation de l’emploi (temps partiels, CDD,…) ce qui a pour conséquence un moindre accès aux ressources régulières et un niveau de vie en baisse. Avec un taux de chômage des personnes accueillies qui est sept fois plus élevé que la population française entière, les situations de pauvreté ont tendance à s’installer. Cette première intervention a permis de soulever les conséquences et freins liés au difficile accès à l’emploi.
Elle a été suivie d’une première table ronde illustrant le rôle à jouer par les institutions publiques. Gérard Millet, maire de Melun soutient que les mairies se doivent d’être une première marche vers l’emploi possible, pour les personnes au chômage ou en recherche d’emploi. De plus, la mairie a pour responsabilité de mettre en place tous les outils pour impulser du dynamisme au sein de la commune : forum à l’emploi, chantiers municipaux, école de la deuxième chance… Monsieur Eblé (Président Conseil Général de Seine-et-Marne) et Monsieur Barbier (Président de la CAF de Seine-et-Marne) ont tous deux suivis le discours du représentant de la préfete de Seine-et-Marne, précisant que le travail en collaboration (sous forme de groupe de travail) avec tous les acteurs régionaux est un impératif pour opérer des transformations sociales. Selon lui, il faut également informer le public, favoriser l’accompagnement du public fragile, voire travailler sur l’élaboration d’un guichet unique ou d’un point conseil budget pour simplifier les démarches administratives de demande d’aides.
La deuxième table ronde a laissé place à une autre solide piste de réponse sur la question de l’emploi des personnes qui en sont éloignées. En effet, l’économie sociale et solidaire serait une solution pour redonner l’envie de retrouver de l’emploi. Grâce aux nombreux dispositifs comme les entreprises d’insertion, les entreprises adaptées, les aides à entreprendre,… La personne retrouve un certain cadre (horaires de travail, règles, salaire…) qui peut la mener à obtenir par la suite un vrai contrat de travail. L’usager redevient acteur de sa vie et non plus consommateur d’aides publiques. Une nouvelle réflexion sur l’utilisation des ressources publiques doit se faire.
Pour conclure le colloque, c’est le président national du Secours Catholique, François Soulage, qui a pris la parole pour proposer aux acteurs publics et économiques des engagements forts. En effet, le rapport qui sera repris par l’INSEE doit insuffler le progrès social et une force pour le changement. Selon le président national, la solidarité reste essentielle en période de crise, chacun peut faire quelque chose pour aider l’autre à franchir un pas vers l’emploi. Il insiste sur le fait qu’on ne peut pas proposer les mêmes dispositifs à tout le monde, il faut individualiser la démarche selon le territoire et le public rencontré. Cette première proposition est suivie de celle s’adressant aux entreprises dans le cadre de la RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises) ; elles doivent s’engager dans la lutte contre le chômage et la création de nouveaux emplois. Pour cela, il est nécessaire qu’elles ne voient plus les personnes en insertion comme des freins à leurs objectifs de production. C’est une véritable réflexion à long terme qu’elles doivent effectuer. Il poursuit en réclamant que les missions locales retrouvent un rôle central et une capacité d’intervention auprès des jeunes.
D’autre part, il désire que le secteur de l’insertion par l’activité économique se réforme avec une augmentation des durées des contrats d’insertions pour ne pas relancer les personnes trop vite sur le marché du travail et en plus qu’elles aient la possibilité de revenir si le travail choisi n’est pas satisfaisant. Enfin, pour pallier aux problèmes de précarité des demandeurs d’asile, le président national souhaite restaurer le droit au travail et élargir l’accès à l’emploi des étrangers.
Pour ma part, j’ai beaucoup aimé ce colloque, car il évoquait les grandes pistes d’améliorations pour amener les plus pauvres vers l’emploi. Les acteurs importants du changement étaient présents, il manquait peut-être un représentant de la Chambre de Commerce et d’Industrie pour avoir un dialogue vraiment plus complet. Le colloque a été ponctué de témoignages, ce qui était là aussi très intéressant ; on comprend les vraies difficultés rencontrées sur le terrain.
Pour terminer la soirée, chacun était invité à poursuivre la discussion autour d’un cocktail, c’est une bonne idée pour faciliter l’échange entre les intervenants et le public. Bon point également, pour le questionnaire à remplir par le public, permettant de recueillir les avis et pouvant donner des pistes de thèmes à explorer par le Secours Catholique pour leurs futurs colloques. Je regrette qu’il n’y ait pas eu de médias (journal local…), car c’est le type d’événement qui mériterait d’être mis en avant.