Retour sur la Journée des initiatives économiques solidaires portées par les jeunes
En prolongement direct de l’étude réalisée pour et avec le RTES sortie en 2010, la SCOP Développements et Humanisme a suivi (…)
En prolongement direct de l’étude réalisée pour et avec le RTES sortie en 2010, la SCOP Développements et Humanisme a suivi pendant trois ans des initiatives économiques solidaires portées par des jeunes. Une journée de dialogue a conclu cette aventure le 3 juillet à la Caisse des Dépôts, à Paris.
Pendant trois ans, les porteurs de 15 initiatives de profil ESS ont été suivis dans cinq régions, pour comprendre de près les impacts, les atouts et les fragilités de ces initiatives, et les facteurs favorisant leur pérennité.
Le RTES, la Caisse des Dépôts et les collectivités partenaires de cette action ont présenté les résultats de l’étude en proposant un dialogue ouvert aux jeunes porteurs d’initiatives, aux collectivités, organisations de l’ESS, réseaux associatifs et d’aide à la création d’activité, et aux chercheurs axés sur l’ESS et le développement des territoires.
Cette rencontre a permis d’aborder les problématiques suivantes :
Quelles sont les spécificités des initiatives d’ESS portées par les jeunes ?
- Des réalisations innovantes dans la combinaison de 3 dimensions : ce qu’elles produisent (objet), comment elles produisent (gestion, gouvernance, méthodes…) et dans leur relation avec leurs environnements.
- Le développement d’activités et de services autres que ceux proposés initialement pour répondre plus globalement aux besoins relevés par les publics/usagers.
- L’évolution et hybridation des activités, rendues possibles par une grande souplesse face au diagnostic de nouveaux besoins mais aussi l’intégration des parties prenantes.
- Un impact positif sur les territoires pour la création d’emploi. Même si il y a beaucoup de temps partiel, faiblement rémunéré (souvent au salaire minimum) la création d’emploi indirect contribue à la revitalisation du territoire.
- De l’innovation dans leur fonctionnement interne : une gestion collective avec une prise de risque partagée, une gouvernance démocratique, des décisions prises collectivement avec les avantages de donner une place à chacun, d’être dans une logique de confiance, de partage des tâches notamment les plus ingrates, une posture participative voire réflexive.
Pourquoi est-il important d’appuyer ces initiatives jeunes, de soutenir la recherche sur le sujet ?
Les réponses ont été nombreuses, notamment parce que :
- L’ESS c’est l’économie des générations futures, c’est « un des modèles qui offrira réellement des solutions d’intelligence pour pouvoir travailler et être dans des logiques de paix sociale ». L’ESS c’est aussi une économie ouverte sur le développement durable, qui se préoccupe de la solidarité à l’égard des générations futures.
- Les collectivités ont la responsabilité collective de se mobiliser pour le devenir des jeunes, notamment sur les questions d’insertion professionnelle. « Les collectivités locales ont besoins d’initiateurs, de gens qui cherchent, qui trouvent de nouvelles solutions pour résoudre les problèmes sociétaux et des jeunes pour inventer ces solutions. »
- Il existe un déficit de confiance vis-à-vis des jeunes. Il est donc important de renforcer des dispositifs qui soutiennent ces projets fortement innovants socialement.
- Les initiatives d’ESS portées par les jeunes s’inscrivent dans des mutations économiques, sociétales et culturelles et dans les mutations de l’ESS elle-même. « Depuis 30 ans, l’économie sociale et solidaire s’inscrit dans un essor par le renouvellement, l’ESS est en train de réfléchir à la place des jeunes en son sein ».
- Les initiatives d’ESS portées par les jeunes redéfinissent les relations entre l’individuel, le collectif et le sociétal ; il y a davantage de recherche d’épanouissement individuel. Tout cela introduit plus de sens et de cohérence, ici le collectif est un moyen, le sociétal le contexte et la vision.
- Il existe peu de dispositif d’accompagnement adapté aux jeunes porteurs de projets (entre les dispositifs d’émergences à l’initiative des jeunes et les dispositifs territoriaux de développement économique ou encore les politiques de la ville).
Préconisations
En conclusion, cette étude aura permis de dégager quelques préconisations pour améliorer l’accompagnement de ces initiatives jeunes.
En Amont des créations :
- Penser aux « oubliés » de la création : essayer de toucher le plus de jeunes, susciter l’envie de créer et de porter des projets dans l’ESS.
- Offrir un accompagnement le plus en amont possible pour étudier la faisabilité des projets.
Durant la phase de création (de 1 à 2 ans) :
- Constituer sur chaque territoire des espaces d’expérimentations de l’innovation sociale.
- Apporter une aide au rebond en cas d’échec.
- Veiller à un accompagnement souple et réactif : laisser le projet se déployer par les créateurs, sans les porter et à leur rythme).
- Offrir à la fois des appuis techniques (juridiques, financiers, administratif) et des appuis sur le fond de la démarche des projets (valeurs défendues, gestion collective, connaissance sur les points essentiels de l’ESS).
- Avoir le souci d’insérer les jeunes le plus tôt possible dans un réseau le plus large et varié possible.
- Mettre en place des collectifs d’appui aux projets sur leurs territoires d’action.
- Mutualiser les outils et dispositifs de l’ESS et de l’économie classique par la création de plateformes communes.
Durant la phase de développement :
- Mettre en place des appuis à la pérennisation (création de lignes de financement destinées à l’innovation sociale venant de jeunes, mises en place des »fonds de concours » territorialisés spécifiques)
- Offrir des espaces pour les porteurs de projets (permanents et informels)
- Simplification de la création d’une SCIC, qui est un statut attractif en cours de développement mais il est complexe à mettre en place.